Le chevalier Burcard de Gueberschwihr et le philosophe et théologien Manegold de Lautenbach fondent le monastère de Marbach qui adopte la règle de Saint Augustin. L’épouse du chevalier y installe une communauté de religieuses. Les Augustines sont placées sous la direction temporelle et spirituelle des chanoines.
Une certaine Béatrix (parente de Burcard de Gueberschwihr ? Ou de la famille des Eguisheim ?) offre un terrain au fond du vallon de Wintzfelden au lieu-dit Schwarzenthann. Le couvent des Augustines est transféré dans ce lieu où il reste sous le contrôle du prévôt de Marbach. La cause du transfert est inconnue.
Les règles observées à Schwarzenthann sont celles de Marbach: règle de Saint Augustin complétée par le coutumier de Marbach (Constitutionnes marbacens) attribué au Chanoine Manegold de Lautenbach. Les religieuses sont dirigées par une supérieure secondée par une prieure sous l’autorité d’un chanoine prieur qui représente le prévôt de Marbach.
Attribution de privilèges par le pape Calixte II: le droit d’accueillir des convers et celui d’ensevelir dans ses cimetière confèrent un attrait puissant pour le nouveau couvent de Schwarzenthann, ils expliquent le développement rapide de la communauté de religieuses augustines en ce lieu.
Consécration d’une chapelle dédiée à la Vierge Marie par l’évêque du diocèse de Bâle dont Marbach et Schwarzenthann font partie.
Les dons affluent, le couvent se développe . Les bâtiments conventuels sortent progressivement de terre, les Augustines rejoignent le nouveau couvent.
Le Codex Guta-Sintram est dédicacée à la Vierge par la chanoinesse Guta de Schwarzenthann qui a calligraphié le manuscrit et par le chanoine Sintram de Marbach qui en est l’enlumineur
Le chœur de la nouvelle église qui remplace la chapelle est consacré par l’évêque de Bâle.
Le couvent est attaqué et profané, c’est une conséquence des guerres intestines qui déchirent le Saint Empire Romain Germanique.
Après leurs profanations : les chanoines de Marbach font appel à l’évêque de Bâle pour réconcilier l’église et le couvent profané par des hobereaux de Soultzmatt en perpétuel conflit avec l’évêque de Strasbourg, chef temporel sur ses terres du Haut-Mundat (autour de Rouffach). L’évêque de Bâle profite de son passage à Schwarzenthann pour consacrer 2 autels et accorder une indulgence aux personnes qui visiteraient l’église et le couvent.
Le couvent est attaqué et détruit par les mercenaires de Thiébaut de Ferrette, allié du roi Adolphe de Nassau qui guerroye contre Albert de Habsbourg dont l’évêque de Strasbourg est le partisan dans la région.
La reconstruction du couvent est entreprise.
On ne dispose que de peu de données historiques hors une nouvelle destruction en 1360. Le couvent est en déclin. En plus des destructions liées aux guerres, le couvent de Schwarzenthann subit de nombreuses difficultés juridiques qui précipitent sa décadence. Il reste soumis à des juridictions différentes: évêque de Strasbourg pour la direction temporelle et évêque de Bâle pour la direction spirituelle.
Pour compliquer la situation, un relâchement s’introduit dans le couvent de Schwarzenthann (comme dans d’autres) ce qui conduit à l’interdiction d’admettre des novices au couvent. A l’extinction de la communauté, Marbach reprend le couvent désert et les propriétés. On y maintient cependant 6 prêtres pour assurer la continuité du service divin ainsi que des moines convers et des frères laïcs pour l’exploitation des terres.
Installation des (8 au début) Augustines originaires de Guebwiller où elles résidaient auprès de religieuses dominicaines.
La situation déplait au comte Guillaume de Ribeaupierre qui obtient que le couvent soit à nouveau occupé par des religieuses. Ce que l’évêque de Strasbourg accepte à condition qu’elles soient cloîtrées et de l’ordre de St Augustin. Marbach leur céde le couvent et quelques dépendances, mais pas toutes, malgré une bulle du pape qui le prévoyait.
Les nouvelles moniales subissent de mauvais traitements, leur situation se dégrade et elles quittent Schwartzenthann 9 ans après leur arrivée. Le couvent est affermé à un paysan par Guillaume de Ribeaupierre.
Installation des Augustines de Petite-Lucelle dont le couvent a été endommagé par une inondation la même année.
Le couvent et les propriétés (sauf celles non rendues par Marbach) leur sont cédés mais les ressources sont insuffisantes. La situation de misère est reconnue et Marbach doit assumer désormais l’entretien de l’aumônier et lui donner une rente annuelle de « un foudre (grande capacité, plusieurs barriques) de vin blanc (fourni par Westhalten) et 10 livres bâloises ». Une période de prospérité relative s’installe jusqu’ à la destruction définitive lors de la guerre des Paysans.
le couvent est pillé et détruit. La bibliothèque d’environ 500 manuscrits est brûlée. Les paysans se révoltent contre un clergé repu qui les exploite, les nouvelles idées de la Réforme progressent. Des religieuses fuient le couvent dévasté pour se réfugier dans les environs, d’autres adhèrent aux idées nouvelles, d’autres encore se marient et réclament le remboursement de leur dot et un dédommagement pour le travail effectué.
C’est le départ définitif des Augustines encore présentes à Schwartzenthann vers le couvent de Schoenensteinbach également sous la direction de l’abbaye de Marbach.
Le couvent est vendu à la commune de Soultzmatt par Erasme de Limbourg, évêque de Strasbourg. Le couvent servira de carrière de pierres pour les édifices religieux des environs.
Des pierres de taille du couvent sont utilisées pour l’agrandissement de l’église de Soultzmatt.
L’historien Grandidier relate qu’une partie du chœur du couvent restait visible au milieu du siècle.
Le site fait l’objet d’une étude par Fritz Kessler, industriel de Soultzmatt. C’est à cette même époque que Schwarzenthann fait l’objet de travaux par Ch. Hoffmann et Th. Walter.
C’est le début de nouvelles fouilles après la découverte fortuite du sarcophage et de son couvercle sculpté le long de la nef nord de l’église.
Le sarcophage couvert dans son enfeu et des pierres tombales sont déplacés vers le Lapidarium situé à côté de l’église de Wintzfelden.
Naissance de notre association qui assure l’entretien et l’animation du site du couvent.